vendredi 10 mars 2017

Les lumières de la ville:comique et politique.

Les Lumières de la ville, ou City Lights en version originale, est un film réalisé en 1931 par Charles Chaplin. Ce dernier est aussi le chef opérateur, le scénariste, le monteur et le compositeur. D’une durée de 87 minutes, ce film est une comédie romantique et dramatique.
Chaplin joue dans City Lights son rôle de mendiant, The Tramp. Achetant des fleurs dans la rue à une jeune femme aveugle dont il tombe fou amoureux, il est pris dans un quiproquo qui pousse la vendeuse à le croire riche. Charlot fera tout pour conserver cette illusion ; passant par de multiples péripéties, il sera notamment aidé en cela par un millionnaire alcoolique qu’il a tiré in extremis du suicide et qui le considère (quand il est ivre) comme un ami.
A la fin du film, The Tramp est plus misérable que jamais, mais ses efforts acharnés ont permis à sa dulcinée de trouver un emploi stable et de recouvrer la vue. Dans la séquence finale, la jeune femme découvre enfin l’homme qui l’a aidée, sans artifices.

City Lights, sous couvert de comédie, est en réalité un film politique et satirique où Chaplin – issu d’une famille précaire – se moque des plus riches. Les politiciens inefficaces érigent des monuments à la gloire d’une « paix et prospérité » chimérique, tandis que les plus démunis ont à peine de quoi survire ; quant au millionnaire caricatural, il a sombré dans l’alcoolisme et la dépression. Ce film est donc une critique sociale, qui permet au spectateur d’ouvrir les yeux sur les conditions de vie déplorables des plus pauvres.
Il s’agit aussi d’un film urbain où la ville, plus qu’un décor, est considérée comme un personnage à part entière sans qui le film ne serait pas. Cette dimension mondaine est annoncée dès le premier plan, qui vient clore le générique après un fondu au noir : avec un thème sonore dynamique (et récurent) qui augure d’un film au rythme soutenu, le titre City Lights vient s’inscrire en lettres de néons sur un plan d’ensemble d’une rue animée en extérieur nuit.
Cette présence de la ville se retrouve jusqu’à la dernière séquence. Celle-ci est pourtant très différente du premier plan, car elle est marquée par l’absence de mouvements de foule et par une atmosphère beaucoup plus intime. Le rythme est ralenti, et les gros plans alternent sur Charlot (plus pauvre que jamais) et la jeune femme (qui peut désormais voir et dirige sa propre boutique de fleurs). Elle réalise alors que ce mendiant avec sa fleur à la main est son bienfaiteur.
L’accessoire de la fleur, comme de nombreux autres dans le film, est « animé ». Pouvant parfois être comique (comme la cloche dans la scène du combat de boxe), il est un ressort scénaristique à part entière et permet de faire ressentir au spectateur des émotions.
Et en effet, City Lights est surtout un film romantique, auquel the Tramp, portrait pathétique de la misère, donne son caractère dramatique.

J’ai trouvé ce film fin et subtil dans sa manière de faire passer des messages politiques forts sous sa dimension comique. J’ai été d’autant plus réceptive aux scènes les plus graves qu’elles marquaient une rupture avec les « sketchs » dont le film est ponctué. Si je ne devais retenir qu’une seule séquence du film, ce serait celle où Charlot empêche le suicide du millionnaire. Le mendiant tente gauchement de le repêcher du fleuve où il comptait se noyer et lui prodigue au un message d’espoir en lui promettant que l’avenir sera meilleur, sans tenir compte du fossé qui les sépare du fait de leur condition sociale, ainsi que de sa propre situation de vie si instable.

The Tramp accomplit sous ses gestes de pantomime un grand geste d’humanité.
J.V, Seconde Arts Visuels.