Gurs, un silence surmonté :
Avec
le film Gurs, Histoire et Mémoire nous en apprenons beaucoup sur
un camp peu connu et l’histoire de ses 61 000 internés. Le camp de Gurs est
situé dans le Sud-Ouest de la France dans le Béarn et proche du pays Basque et
de la frontière espagnole. Il a ouvert le 5 avril 1939 pour héberger les
réfugiés espagnols qui ont été accueillis en France puis il a été transformé en
camp de concentration pour les ennemis du régime de Vichy donc de Hitler. Ce
film retrace l’histoire du camp de Gurs à travers des témoignages poignants et
perturbants, ceux de lycéens espagnols qui viennent visiter ce camp où ont été
internés des réfugiés espagnols, ceux d’anciens internés ou de descendants
d’internés et des explications d’historiens. Grâce aux témoignages nous sommes
plus affectés par les conditions de vie extrême qu’ont subis ces internés car
les personnes qui témoignent nous décrivent avec précision leur vie passée dans
ce camp. Ce film a été fait de manière à pouvoir communiquer avec toutes les
générations notamment avec les témoignages illustrés en dessins animé qui
peuvent donc sensibiliser les plus jeunes. […]
On peut parler de silence pour Gurs car
il a fallu attendre 1962-1963 pour qu’on refasse le cimetière tel qu’il est
aujourd’hui et il a fallu attendre 1980 pour que l’on fasse resurgir la sombre
mémoire de ce camp. Pourquoi ? Et bien suite aux horreurs qui se sont
déroulées dans le camp de Gurs on a voulu oublier et mettre sous silence ce
passage douloureux de l’Histoire.
Amandine, Lyana, Pauline, Zoé.
Un camp passé sous silence :
Le film Gurs histoire et
mémoire de Verónica SÁENZ GIMENEZ , nous
a fait découvrir pour la plupart d’entre nous, ce camp situé près
d’Oloron-Sainte-Marie. Ce camp oublié a refait surface grâce à des témoignages
qui nous ont permis de retracer l’histoire de Gurs.[…] Le site du camp s’étendait sur 5 km de long et 500m de large et comptait
382 baraques. 60 personnes devaient vivre dans chacune des baraques. Les
conditions de vies étaient déplorables : il n’y avait aucune fenêtre
aucune ouverture ni aération, elles ne protégeaient pas du froid et de la
pluie. Il n’y avait pas de meubles et ils dormaient sur des sacs de paille et
on pouvait également y trouver des rats .La nourriture était rare et de
mauvaise qualité, il n’y avait ni sanitaires ni eau courante, ni hygiène.
Ce
film contribue également à la mémoire du camp et de ceux qui y ont vécu,
souffert et qui y sont décédé. Voici le témoignage de Ruth Heymann, témoignage
publié dans « Gurs souvenez-vous » le bulletin de l’Amicale du camp
de Gurs en décembre 2009.
Ruth Heymann-Weill avait 3 ans en 1941 lorsqu’elle est
internée au camp de Gurs avec ses parents Benno et Regina. La famille était
originaire de Mannheim en Allemagne et cherchait refuge en France. Le 11 mars
1941, elle fut arrêtée par la police française qui l’interna à Gurs. Les
parents de Ruth firent parti du 4ème convoi de déportation, celui
qui quitta Gurs le 1er septembre 1942. Quelques jours après un bref
transit à Drancy, ils furent exterminés à Auschwitz. Ruth Heymann est repassée
par Gurs il y a quelques mois à l’occasion d’un voyage touristique dans la
région. Tout à coup, sa route croisa le panneau « Camp de Gurs ». Gurs, un mot qu’elle avait toujours connu, mais qu’elle
était jusqu’à ce moment-là bien incapable de situer sur une carte de l’Europe.
Elle fut bouleversée par la redécouverte de ce lieu enfoui au plus profond de
sa mémoire.
« Nous sommes partis en vacances quand
Gurs s’est trouvé involontairement sur notre chemin. Rivesaltes, Gurs. Des noms
pas inconnus, évoquant une certaine résonnance. Des noms qui ont soulevé en moi
un grand vent, mais aucun souvenir. Et pourtant, ce fut le seul endroit où mes
parents purent aimer la petite fille que j’étais, dont ils étaient si fiers. Un
dernier salut avant le grand malheur. Trois ans. Un bébé dans ce camp, dernière
étape avant Auschwitz. Le froid, la faim, la soif, la maladie, la saleté, les
rats, et j’en suis sortie. On dit que j’ai eu de la chance. C’est à voir ! Nous
avons partagé les cérémonies organisées en souvenir de nos aînés disparus. Sous
une pluie battante, avec mes cannes, j’ai refait, en pleurant, le chemin
parcouru par mes parents, il y a soixante ans. Mon coeur s’est ouvert à une
maman trop faible pour résister, à un papa qui s’est battu jusque dans la
Marche de la mort. Dans ma tête, un bruit a éclaté. Une grande douleur s’est
emparée de mon coeur. Un voile s’est levé. Ma vie a changé. Pour pouvoir vivre,
une gamine seule dans ce monde noir, j’ai occulté pendant 70 ans mes malheurs
et mes souffrances. Maintenant, tout s’est réveillé et j’ai pu regarder en
arrière, à droite, à gauche. En fait, il y a Gurs, l’avant et l’après. L’avant
Gurs : une enfant cachée pendant la guerre dans une famille paysanne du Berry.
J’ai montré ma reconnaissance en leur remettant, hélas à titre posthume, la
médaille des Justes. En souvenir aussi d’une petite fille qui se répétait sans
cesse : "toi, tu es moche. Ma
maman, elle est si jolie."
Eden, Elhame, Mélissa, Ynès.
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